La déflation, c’est un sujet qu’on entendra beaucoup parler dans les trimestres à venir. On peut dire qu’en 2023, nous vivons maintenant dans un monde post-COVID et ce malgré la Chine qui combat encore de façon très intense les cas de coronavirus sur son territoire.
Dans ce monde post-COVID, le problème n’est plus l’inflation, mais la désinflation. Quand cette désinflation est importante, elle vire parfois en déflation. Et, c’est tout un problème et qui fera encore tout aussi mal, sinon plus pour certains, que l’inflation.
L’inflation a désormais atteint son summum et elle est en baisse depuis que les banques centrales nord-américaines ont augmenté leur taux de base de manière drastique. Elle baisse à petite vitesse, ce qui signifie que la contraction de la masse monétaire devra s’intensifier davantage.
Il ne faut pas confondre les termes déflation et désinflation. La désinflation est une baisse de l’inflation. La déflation est une inflation négative.
Une récession sans précédent
À présent, ce qui guette l’Amérique du Nord est une récession sans précédent, une forte récession qui amènera le phénomène de déflation. Une déflation des matières premières, comme entre autre le pétrole. Mais, aussi, une déflation sans précédent des prix immobiliers et des métaux industriels non précieux. Une déflation est ni plus ni moins qu’une forte inflation négative.
Une récession si intense et une déflation si grande que vous serez même content d’accepter une diminution de salaire de 1% par an que vous offre votre patron pour les trois prochaines années. Alors aux syndicats du secteur public qui lisez ces lignes, si le gouvernement vous offre 2% d’augmentation, sautez sur l’occasion avant que nous soyons en pleine période de déflation et que le gel de salaire soit le dernier recours du gouvernement. Surtout que ces gouvernements ont tendance à être fortement endetté. En période de contraction de la masse monétaire, il devient de plus en plus difficile pour ces administrations publiques d’emprunter.
Cette nouvelle année se définit par la suppression des liquidités à un rythme sans précédent en Amérique du Nord. La contraction de la masse monétaire américaine a atteint un sommet inégalé de 1981.
Et tout cela a débuté en 2020 avec le cycle historique de resserrement de la Réserve fédérale qui a suivi les injections massives d’argent dans l’économie durant la période de COVID-19, qui ont été l’un des déclencheurs de la flambée de l’inflation. La flambée de l’inflation a aussi été soutenue par de gros problèmes dans la chaîne d’approvisionnement, et ce, au niveau mondial. Simplement pour le baril de pétrole, rappelez-vous que sous l’administration Trump, il y avait tellement de pétrole dans l’économie mondiale, que le prix du baril a même chuté de façon à atteindre même un prix négatif.
La période de COVID-19 n’a pas fait augmenter la demande en pétrole, c’est plutôt la chaîne d’approvisionnement qui a tout bousillé.
Dès janvier 2023
Ce à quoi les marchés assistent déjà en janvier 2023 est une réversion de l’inflation, des matières premières et des actifs à risque.
L’indice ISM des directeurs d’achat de services n’est jamais tombé en dessous de 50 avec le resserrement de la Fed, et cela a des implications pour les matières premières, l’inflation et la plupart des actifs à risque.
L’indice Bloomberg des matières premières (BCOM) pourrait être environ 35 % trop élevé par rapport à sa moyenne mobile sur 40 mois, sur la base des tendances passées de l’indice des directeurs d’achat depuis 1998.
Pour les mois à venir, les perspectives restent les mêmes – l’ISM services et manufacturier continue de se contracter et la Réserve fédérale continue de relever ses taux, du moins pour le moment.
Un resserrement de la politique monétaire suivi d’une récession pourrait raviver certaines des tendances dominantes d’avant la COVID dans les matières premières et l’inflation.
Compte tenu du fonctionnement habituel des marchés, une chute rapide de l’inflation est probable, car les matières premières et les actions continuent de baisser en réaction à la contraction rapide de la masse monétaire américaine, et ce, malgré que la Banque centrale du Japon, elle, est en mode inverse.
En ce qui concerne spécifiquement le baril de pétrole brut, le pétrole est actuellement grandement surévalué par rapport au marché boursier. La surmédiatisation de la guerre en Ukraine et l’impact de la Russie comme producteur pétrolier n’est pas sans agraver cette surévaluation.
La déflation en termes réalistes
En termes réalistes, une déflation est sur le terrain une baisse du prix des voitures usagés, une baisse des prix du baril de pétrole et des produits pétroliers qui en découlent, une baisse des prix en immobilier, surtout au niveau des immeubles commerciaux et secondaires et même souvent, une baisse des prix au supermarché sur certains types de denrées.
La déflation ne fera pas en sorte que vous serez plus riche et que vous en obtiendrez davantage pour votre argent, car justement, il se pourrait que votre patron gèle votre salaire ou même vous offre de réduire vos heures de travail et ce, malgré le pseudo phénomène surmédiatisé de la pénurie de main d’oeuvre ou du vieillissement de la population.
Réalistiquement, même avec un taux de chômage entre 3 et 4%, il n’y a pas de pénurie de main d’oeuvre, le nombre de personnes touchant des primes d’assurance-emploi est en baisse et ces gens sortent tout simplement des statistiques. De l’autre côté, le niveau de personnes qui touchent des prestation d’aide sociale n’a jamais été aussi élevé. En pénurie de main d’oeuvre, le nombre d’assistés sociaux serait à des niveaux tellement bas que même les banques alimentaires regorgeraient de surplus. C’est malheureusement tout le contraire qui est observé sur le terrain.
L’or en période de déflation
Pour l’or, la situation est différente en 2023, Bloomberg Intelligence prévoit que le métal jaune franchira le seuil des 2 000 dollars l’once et par la suite sans jamais regarder en arrière.
Avec une déflation, l’or a beaucoup de potentiel, l’or des pauvres, l’argent (le silver), aussi sinon davantage en pourcentage d’appréciation par rapport à l’or.
Toujours concernant l’or, il faut s’ôter de la tête que l’or est une valeur refuge en cas d’inflation. Il n’y a aucune preuve de corrélation entre l’or et l’inflation, et ce même si c’est le contraire qui est enseigné dans les académies de finance. Les marchés et le cours de l’or prouvent l’inverse de la théorie des académies. La corrélation directe est entre l’or et la performance des marchés boursiers. Si l’or était directement relié à l’inflation, la montée de l’inflation depuis le printemps 2020 aurait fait grimper l’once d’or à $4000.
Sur le terrain, il n’en est rien. Le prix de l’once d’or s’est mis à grimper lorsque les marchés boursiers américains ont commencé à piquer du nez. Les gens voient en l’or une valeur refuge qui leur évite la chute des marchés boursiers. Le phénomène de déflation va augmenter la tendance de voir l’or comme une valeur refuge.
La déflation et l’endettement public
Cette récession et contraction monétaire amènera un phénomène sans précédent dans les administrations publiques fortement endettées comme le Canada, le Québec, la France, la Ville de Montréal, les États-Unis ou l’Angleterre. La mise à pied de personnel. Des coupures ou privatisation de services. Ces administrations publiques n’ont plus la capacité d’emprunter de l’argent à faible taux et devront faire face à des paiements en intérêts inégalés jusqu’ici. Leur seule solution sera alors de sabrer dans le personnel et même de privatiser dans certains cas.
Il faut même se questionner sur un gouvernement qui accentue la prolifération d’Offices, de Bureaux et de Régies au sein de son administration.
Face à ce boubier financier, c’est là que les administrations avec de bons gestionnaires vont tirer leur épingle du jeu. À l’inverse, les administrations avec des gestionnaires plutôt cancres vont en souffrir puissamment, malheureusement, parfois au détriment de la société qui consomme ces services publics que les artisans de la gauche politique aiment dire qu’ils sont gratuits. Or, rien n’est gratuit dans ce monde, à part certains rares phénomènes comme le coucher et le lever du soleil.
La déflation et vous
Le phénomène de déflationvous affectera directement. Il existe cinq bonnes façons de vous y préparer.
La première, est de rembourser vos emprunts à taux élevé. Vos cartes de crédit, en sont un bon exemple.
La seconde, couper dans les dépenses que vous jugerez moins importantes. Posez-vous la question, est-il nécessaire d’être abonné à la fois à Netflix, Prime, Discovery+, Disney+ et Apple TV+?
La troisième, endre des actifs que vous jugez moins important d’avoir. La deuxième voiture est-elle vraiment nécessaire? Le chalet vous est-il encore si utile? Est-il temps de vous débarrasser de votre collection de cartes Pokémon ou de cet équipement de ski dont vous n’utilisez plus.
La quatrième façon est de réduire votre rythme de consommation pour ainsi sauvez de l’argent. Sans tomber dans la sobriété énergétique, par exemple, de consommer une bouteille de vin en moins par mois. Une sortie au resto de moins par mois. Réduire votre temps de douche de 30 secondes. Utilisez davantage vos pieds que votre voiture pour aller au dépanneur du coin. Tout cela paraît peu sur un mois, sur un an, si vous faites tout cela, c’est presque l’équivalent en économie du prix d’un voyage dans le Sud pour une personne.
La cinquième façon de vous préparer à la déflation est d’investir dans l’or et l’argent est aussi une bonne manière de se préparer. Par contre, effectuez vos recherches avant d’investir dans ce secteur via l’achat d’actions ou même si vous décidiez d’acquérir des pièces de monnaie.
Pour les pièces de monnaie, faites affaire avec des connaisseurs, il y a beaucoup de fraudes dans ce milieu. De plus, des pièces de monnaie nécessitent un entreposage sécuritaire.
Les médias sociaux
Pour revenir au phénomène de déflation, c’est ce qui survient à petite en pleine récession et à grande échelle quand c’est synchronisé avec une contraction sans précédent de la masse monétaire. Qu’il n’en déplaise aux huluberlus sur Twitter et sur les autres médias sociaux qui prédisent une hyperinflation mondiale. Si les médias sociaux faisaient passer un test d’intelligence sur le sujet que leurs utilisateurs préfèrent publier, il y aurait très peu de monde sur les médias sociaux qui publieraient du contenu.
Il faut être peu ferré en intelligence économique, même être purement imbécile, pour prédire une hyperinflation mondiale dans un contexte de contraction de la masse monétaire américaine et d’une forte récession mondiale. Mais que voulez-vous, dans ces médias sociaux, le crachoir est donné à n’importe qui. Tous ont droit à leur opinion et c’est souvent celui qui crie le plus fort qui attire le plus les foules. Mais servez-vous de votre tête et ainsi, vous avez aussi le droit d’accorder votre attention à qui vous voulez.
Il faut se tenir loin des propos alarmistes de ces coucous dans les médias sociaux. Ils ont raison 3 fois sur 50 et ils vont miser fortement là-dessus dans leurs publications, mais jamais sur les 47 fois sur 50 qu’ils ont eu complètement tort au point même de se ridiculiser.
Pour les médias sociaux, il faut éviter les coucous et suivre davantage des gens réfléchis et pausés en matière d’économie comme les Olivier Delamarche, Jim Rogers, ou Charles Gave.
La guerre en Ukraine
Finalement, si jamais le conflit armé en Ukraine se terminait en 2023, que ce soit de façon pacifique ou militaire, vous assisteriez dès lors à une déflation historique sans précédent. Pour le moment, ce conflit ne profite qu’à une seule industrie, celle des fabricants d’armes et d’équipements militaires. Ce que l’occident donne à l’Ukraine en armement, elle se tourne de bord et commande du neuf aux fabricants du secteur.
Certains se questionnent même si la mise sur pied de l’OTAN est pour vraiment protéger les pays de la « méchante Russie » ou si c’est pour faire tourner à plein régime l’industrie militaire. Ça, c’est un autre débat!
Note: l’opinion de l’auteur par rapport au sujet de son article est propre à lui-même. Cet article n’est pas un avis financier. Effectuer vos propres recherches avant d’investir. Lisez la clause de non-responsabilité de GlobeInvestir.